« Il faudrait imaginer un Tolstoï presque inconnu des Français,un Dostoïevski peu ou mal traduit, un Tchekhovignoré. Hypothèse invraisemblable, mais qui permet de mesurer combien est étrange la méconnaissance del’œuvre de Bounine... »
À travers l'histoire de deux frères, Tikhon et Kouzma, Ivan Bounine dresse le portrait de la campagne russe à la fin du XIXe siècle. Le Village fit scandale à sa parution en 1910 : jamais personne n'avait dépeint le paysan russe, le moujik, traditionnellement idéalisé jusque dans ses défauts, sous des couleurs si crues et si sombres, qui font du premier roman de son auteur un poème noir et désespérant.
Le village fit scandale parce qu'il montrait un autre visage de la paysannerie russe, bien différent de celui qu'on représentait habituellement. Car le Village et ses habitants font entrevoir une terrible réalité. Thikon s'est enrichi par toutes sortes d'affaires louches. Il commet vols, viols et meurtres. Kouzma, ivrogne invétéré, fainéant et bavard, ne vaut guère mieux que son aîné.
Une écriture sobre, dense et précise, au service d’une fresque immense et terrifiante où se manifeste la cupidité, la hargne, la plus féroce des jalousies et l'égoïsme le plus bestial. Un chef d’œuvre